Les tropiques ont de tous temps été des hotspots de la biodiversité et ont joué un rôle fondamental dans l’évolution des espèces végétales et animales et, par extension, dans l’adaptation et l’innovation des comportements humains. Ils constituent ainsi des laboratoires naturels pour l’étude sur le temps long des défis environnementaux de notre siècle. L’impact sociétal de ceux-ci ne peut être appréhendé que dans la profondeur du temps.
En effet, les déséquilibres phylogénétiques dynamiques produits par la fragmentation des environnements tropicaux sous le coup des forçages climatiques n’ont pas été et ne seront pas sans conséquences sur les sociétés humaines et la gestion des ressources naturelles. Ils impactent déjà les politiques publiques soucieuses de la perduration de la conciliation sociétale autour du développement humain. L’objectif de ce projet est de construire un référentiel global documentant les phénomènes d’adaptation et de résilience culturelles humaines face aux changements climatiques.
Mis en œuvre dans la zone intertropicale et sur des périodes pivots de l’histoire humaine qui, du point de vue paléoenvironnemental, servent de référentiel pour comprendre l’évolution du climat actuel sous la pression de l’ère industrielle, le projet propose une approche objective et systématique des proxies environnementaux en lien avec les productions tangibles et immatérielles des humanités actuelles et fossiles.
Le projet vise à une étude diachronique des relations humaines au sein d’une nature changeante en s’arrêtant sur trois temps clés de l’évolution du climat et des humanités:
1) il y a 700 000 ans, alors que les températures globales étaient semblables à l’actuel et qu’une autre humanité, les Homo erectus peuplaient les tropiques,
2) entre 70 000 et 10 000 ans alors que notre espèce, Homo sapiens, colonisait le globe et faisait face pour la première fois à cette diversité des environnements tropicaux,
3) aujourd’hui, par un regard sur les chasseurs-collecteurs actuels sous les tropiques.
L’ambition finale du projet est de tester l’hypothèse de la très grande plasticité écologique qui serait une caractéristique fondamentale de notre espèce lui permettant de s’adapter, socialement, techniquement et culturellement, à tous les milieux, comme ceux du monde tropical en rapides mutations.
Pour se faire, un consortium de responsables d’opérations archéologiques actifs sur les biomes tropicaux africains, américains et asiatiques, s’est réuni pour travailler sur des invariants culturels propres aux tropiques. Il s’agira de comprendre l’impact des particularités environnementales des tropiques sur les dynamiques humaines au cours du temps.